Histoire de Mamadou

Une personnalité, un CV identique à un autre personnage, qui lui est blanc…
Et de leur téléphone pour la recherche d’emploi, au Canada…

https://www.lesoleil.com/chroniques/mylene-moisan/le-telephone-de-mamadou-sonne-moins-289a4a18da64764813071d0dc57a0ff4

Extrait :

CHRONIQUE / Mamadou Traoré a une trentaine d’années, il est bardé de diplômes québécois, a plein d’expérience dans son domaine. Même chose pour Marc-Olivier Tremblay, un peu plus et on dirait qu’ils ont le même CV.

C’est tout comme.

Mamadou et Marc-Olivier se cherchent du travail et, quand ils répondent à une offre d’emploi, étrangement, le téléphone de Mamadou sonne moins que celui de Marc-André. Trois fois moins. 

En fait, les deux gars n’existent que sur papier, que sur CV. Ils ont été «créés» par Jean-Philippe Beauregard, qui fera sa soutenance de thèse de doctorat en sociologie dans deux semaines, qui est aussi un ami, et qui a voulu mesurer à quel point il y avait de la discrimination pour l’emploi à Québec.

Pour les besoins de la cause, Jean-Philippe a donc créé sept candidats fictifs, je vous présente les cinq autres, Maria Martinez, Carlos Sanchez, Latifa Ben Saïd, Abdellah Hafid et Aminata Diallo. Entre janvier et juillet 2018, Jean-Philippe a postulé 523 emplois à Québec et à Lévis en envoyant chaque fois trois candidatures, avec lettre de présentation et CV, Marc-Olivier, une des trois femmes et un des trois hommes.

Marc-Olivier est ce qu’on appelle le «candidat de référence», un homme blanc avec un nom qui sonne pure laine.

«Pour chaque offre d’emploi, je faisais des CV équivalents, pas des copies parce que les employeurs s’en seraient rendu compte, mais des candidats qui ont des études équivalentes, toutes faites au Québec, des expériences de travail au Québec, et qui parlent tous français et anglais. La seule chose qui change, c’est le nom, pour pouvoir isoler la variable qu’on veut étudier.»